En réponse à l'appel du Chapitre à travailler sur nos relations dans la communauté, nous, la communauté d'Overport, avons décidé de passer une semaine ensemble dans les montagnes du Drakensberg, ce qui nous a donné le temps de réfléchir et de partager sur les questions de la vie communautaire tout en passant du temps de qualité pour se détendre et profiter de la beauté des lieux !
Alors que nous, Tshidi, Marion, Colette et Cathy, étions en train de bénéficier de nos vacances bien méritées, nous avons appris qu'il y avait une vague de pillages et un chaos général chez nous ; à Durban (et Pietermaritzburg) et dans le Gauteng en particulier.
Il semblait que la folie avait pris le dessus dans deux de nos régions, à savoir le KwaZulu Natal et certaines parties du Gauteng. Des reportages télévisés ont montré des scènes de policiers dépassés en nombre par les pillards et incapables de contenir la situation. Nous avons assisté, horrifiées et impuissantes, à l'anarchie qui a régné pendant quelques jours, alors que personne ne semblait capable d'arrêter la foule qui pillait, détruisait et brûlait les magasins, les pharmacies et à peu près tous les bâtiments qui stockaient ou vendaient des marchandises.
Les Sud-Africains ordinaires ont eu peur de sortir de chez eux en voyant les rues prises d'assaut par des foules de gens en colère.
Il s'agissait d'un effort concerté et planifié pour déstabiliser le pays. Les personnes à l'origine de cette action étaient des partisans de l'ancien président du pays, qui a été emprisonné pour outrage à magistrat. Il a refusé de répondre aux questions concernant les accusations de corruption portées contre lui par le juge présidant l'enquête sur la capture de l'État.
Il semblait que le rêve de Nelson Mandela, le premier président démocratiquement élu de notre Nation Arc-en-ciel s'envolait rapidement en fumée alors que des bâtiments dépouillés de leurs biens étaient incendiés, en particulier les magasins ! La majorité des Sud-Africains ont assisté, horrifiés et effrayés, au cauchemar qui s'est déroulé pendant la semaine du 11 au 16 juillet.
C'était un Kairos pour l'Afrique du Sud ! Alors que nous sommes encore relativement jeunes en tant que démocratie (27 ans), cette semaine nous a appris que nous avons un très long chemin à parcourir pour construire une nation arc-en-ciel vraiment démocratique où la dignité de chaque personne est défendue et respectée.
En tant que nation, nous étions endormis et cette semaine a été un réveil brutal ! Oui, nous sommes attristés par la corruption au sein du gouvernement et des politiciens, la violence permanente contre les femmes, la mauvaise prestation des services, la pauvreté croissante, etc. Cherchons-nous à faire face à ces défis ou continuons-nous à faire l'autruche en espérant que cela ne se reproduira plus ?
Le chômage s'élève à 34,4 % et le chômage des jeunes à 64,4 %. Dans ces conditions, nous disposons d'une population jeune massive, prête à être manipulée à n'importe quelle fin lorsqu'on lui promet une alternative à sa situation actuelle. Si notre pays ne prend pas de mesures actives pour changer cette triste réalité, en particulier pour les jeunes sans emploi, les émeutes peuvent éclater à tout moment.
L'Afrique du Sud est une terre de contraste ! Après le choc initial, les communautés ont commencé à s'organiser en se regroupant pour se soutenir et s'entraider. La nourriture, en particulier le pain et le lait, est distribuée gratuitement à chaque famille, quels que soient ses besoins. L'horreur de la semaine a été atténuée par la générosité des gens, en particulier de nos sœurs et frères musulmans. L'organisation Gift of the Givers, fondée par Imtiaz Sooliman, est toujours prête à se rendre là où les besoins sont les plus grands. Elle a organisé des colis alimentaires pouvant nourrir une famille pendant un mois et les a distribués dans un certain nombre de villes touchées, notamment dans les communautés rurales.
Dans certaines communautés, les gens ont formé des chaînes humaines pour protéger les magasins appartenant à des résidents étrangers. Vers la fin de la semaine, il était réconfortant de voir la nation arc-en-ciel à l'œuvre : personnes handicapées, personnes âgées et membres de toutes les communautés se sont réunis pour aider à nettoyer les rues et à reconstruire ce qui avait été détruit ! Partout, les gens ont chanté l'hymne national et se sont rassemblés pour prouver que l'union fait la force. Malheureusement, un certain nombre de petits magasins n'avaient pas d'assurance ou les moyens de reconstruire !
Les catastrophes, les périodes sombres, ont le don de faire ressortir le meilleur de l'humanité ! L'une des organisations avec lesquelles nous sommes très impliqués, le Denis Hurley Centre (DHC), où Cathy exerce son ministère, a connu depuis le début de la pandémie un grand élan de générosité de la part de personnes de tous les groupes confessionnels ; musulmanes, hindoues, juives, chrétiennes et de personnes qui veulent simplement faire la différence.
Le DHC travaille avec les sans-abri du centre-ville en leur fournissant repas, douches, service de blanchisserie, services médicales, conseils, orientation vers un centre de désintoxication financé par le gouvernement, projets d'autonomisation et services pour les réfugiés et les demandeurs d'asile. Dimanche soir, après la semaine d'émeutes, un camion de 4 tonnes est arrivé au DHC avec une variété de produits alimentaires : fruits et légumes, pain et gâteaux. Lundi, la nourriture a été donnée à divers groupes ; foyers pour enfants, foyers pour personnes âgées et handicapées, programmes alimentaires communautaires, familles de réfugiés, etc.
Là où la souffrance est grande, la compassion est encore plus grande !
Notre prière pour notre pays et pour le monde est que nous puissions être ces bougies d'espoir qui brillent au milieu de ce qui semble être l'obscurité, que nous puissions voir l'étincelle de divinité dans chaque créature, que nous voyions la bonté de Dieu partout !
Marion, Colette, Tshidi, Cathy
Communauté d'Overport, Afrique du Sud