Goutte à goutte

Tel un parfum

                      qui se répand ….

                                                     goutte à goutte

 

En ces temps d’anniversaire, une manière de regarder le sillon tracé par la Sainte-Famille, est peut-être de recueillir, comme des gouttes, les gestes, les audaces, les situations qui s’assemblent et se mélangent, les parcelles de vie qui ont engendré la vie selon l’esprit de la Sainte Famille. Il suffit de regarder quelques communautés naissantes pour constater que ce sont souvent des rencontres fortuites, des amitiés, des relations, qui ont permis à la Famille de s’étendre et croître dans les différents lieux de France et, de proche en proche, à travers le monde.

Des moments-clés portent en eux la volonté et l’enthousiasme des Commen-cements : ils peuvent tracer notre chemin pour aller de l’avant.

Regardons en arrière, en vérité et gratitude.

Quel étonnement de constater la rapide extension de la Famille à travers la France. Il suffit de regarder qui sont les séminaristes d’Issy et l’impact du jeune NOAILLES qui sait si vite se faire des amis.

A ISSY, dès 1818, Pierre Bienvenu sait rassembler des séminaristes. Il échange ses cours et même offre sa chambre comme lieu de travail. Toujours disponible, il ne ménage pas sa peine, pour le bien des autres.

Ses collègues, particulièrement Messieurs THIBAULT, MATHIEU et MOLLEVAULT s’en souviendront au moment opportun.

L’amitié n’a pas de frontières.

 Quelques années plus tard, nommés à Bayonne, Paris ou Nancy, ces jeunes prêtres n’oublieront pas cet « heureux temps de séminaire » !

Monsieur THIBAULT, vicaire général à Bayonne accompagne très vite une jeune fille : Rita BONNAT. Elle désire se donner à Dieu, mais où ? A Bordeaux, son ami NOAILLES commence à organiser une association nouvelle. Rita est encouragée à rejoindre l’orphelinat de Saintonge pour y faire éventuellement un noviciat. Quelques années plus tard, ce sera Mélanie DESPECT et sa petite sœur Isaure.

Une école de l’Immaculée Conception voit le jour à Montpellier … Monsieur THIBAULT vient d’y être nommé évêque !

A Paris, Monsieur MATHIEU soutient Virginie MACHET, restée seule. Devant ses capacités et sa générosité, il lui propose de prendre en mains un petit pensionnat à DREUX, guidée et soutenue par la correspondance du Père NOAILLES. Et ce sera l’époque d’un grand essor des Associés et des écoles en Champagne et au nord de la France.

A Nancy, nous retrouvons Monsieur MOLLEVAULT, « l’Ange » du jeune Pierre Bienvenu, c’est-à-dire celui qui était chargé de l’initier aux coutumes d’ISSY et de lui faciliter ainsi ses premiers pas au séminaire. … En 1839, une communauté de L’Espérance voit le jour !

Mgr de CHEVERUS, évêque de Bordeaux avait lui-même suggéré au Père Noailles de fonder une oeuvre consacrée au soin des malades : la Branche de l’Espérance. Il ne faut donc pas s’étonner qu’en Mayenne, dont est originaire Mgr de CHEVERUS, en Anjou tout proche, en Bretagne, naissent des communautés très vite florissantes qui soutiennent aussi des groupes importants d’Associés (plus de 150 en Mayenne à la mort du Bon Père).

Ce sont d’ailleurs les Associés qui réclament une petite communauté de l’Espérance pour Craon, un village voisin ! Nous pouvons lire dans les Annales que dans ce village, cinquante ans plus tard, des Dames de la Sainte Famille assurent le catéchisme aux enfants de l’école publique, accompagnés d’Associés très actifs.

Dès la fondation de la branche de l’Espérance, un ami de la mère Bonnat, Monsieur GROS, vicaire général à REIMS, découvre la Sainte Famille et demande que s’implante une communauté : une communauté de l’Espérance, comme il se doit. Quelques années plus tard, une communauté de Saint Joseph est constituée. Elle ouvre un orphelinat …. Transformé en IMP, Institut médico pédagogique, il fonctionne jusqu’à aujourd’hui sous d’autre formes.

Et cet abbé GROS, est nommé évêque à VERSAILLES …. Il emporte ses souvenirs, ses amitiés, son expérience et demande tout simplement une communauté de la Sainte Famille !!! Une communauté de l’Espérance, comme il se doit ! Elle y est encore avec des amis et des bénévoles …. Elle déménagera à BUC l’an prochain, avec les autres résidents, dans le nouvel EHPAD Pierre Bienvenu NOAILLES.

L’évocation pourrait continuer …. Mais vous savez aussi la suite !

Les fondations au-delà de la France …. Désirées, préparées par des amis, des déplacements imprévus, fortuits …. La famille de la Mère BONNAT, les déplacements de Mme MACHET… pour ne nommer que les plus célèbres … Evènements heureux ou contraintes économiques … Départ en mission avec les Oblats, amitiés, relations …

C’est bien au jour le jour que se tissent les relations de la Famille.

Il suffit, comme pour le Bon Père, d’être attentifs aux besoins du temps, de ses proches et d’oser, même sur place, avec l’audace des Commencements !

Chacun peut continuer cette énumération, pour la part de la Famille qu’il connait et qui l’a conduit jusqu’à aujourd’hui.

Chacun, à son tour, attentif à l’ordinaire des jours, saura inventer la vie et répandre goutte à goutte, comme un parfum, l’Esprit de la Famille, l’Esprit de Dieu Seul. Ainsi prendra forme l’héritage transmis depuis deux cents ans pour l’aujourd’hui du monde.

Thérèse SEGRETAIN, soeur apostolique.