ESCAPADE NOCTURNE AU LYCEE SAINTE-FAMILLE DE BORDEAUX….

Par une chaude soirée de juin …Les premières sœurs de Lorette s’interrogent : « Vous avez dit noctiluque ?

ESCAPADE NOCTURNE AU LYCEE  SAINTE-FAMILLE DE BORDEAUX….

Par une chaude soirée de juin …Les premières sœurs de Lorette s’interrogent :

 « Vous avez dit noctiluque ?  un mot bien étrange pour qualifier un jardin… Je ne l’avais jamais entendu ... Il faut dire qu’aujourd’hui le vocabulaire a tellement changé…

- Il faudra que nous interrogions la Mère Bonnat… A moins que l’idée ne soit de notre Bon Père…Il aime tant rêver, se projeter dans le futur qu’il a peut-être inventé  ce mot…que les jeunes ont repris ce soir…Il en est bien capable.

- Mais non, regardez, j’ai trouvé ce mot dans le dictionnaire :

Noctiluque : Petit animal marin rendant la mer phosphorescente la nuit. Sorte de ver luisant, il émet dans l’obscurité une lueur scintillante… Cela doit être bien joli !

- moi je n’en ai jamais vu… Mais qu’est-ce que cela a à voir avec notre jardin ?

- Attendez, j’ai aussi trouvé : une fleur ou un animal sont dits « noctiluques » lorsqu'ils répandent de la lumière dans l'obscurité ...

- Oui, mais  cela ne me dit toujours pas ce qu’est un jardin noctiluque…

-  J’ai écouté la conversation d’un petit groupe de lycéens et je pense que cela a quelque chose à voir avec la mise en lumière, la mise en valeur du jardin. J’ai entendu dire qu’il y a tout un projet.

- Vous voulez dire que ces jeunes ont décidé de réhabiliter notre parc. Oh, j’imagine que notre Bon Père ne manquera pas le spectacle de ce soir, lui qui aime tant la nature et particulièrement les arbres…

- Vous avez vu, il y a déjà du monde, vite prenons place pour regarder le spectacle…

- Mais non, laissez vos chaises, le spectacle se déplace dans tous les coins du jardin… On m’a dit qu’il y avait des acrobates… Je sens déjà monter mon adrénaline…

- votre quoi… ?

- Moi cela ne m’inquiète pas trop  puisque c’est avec la compagnie des enfants du paradis…je me sens en sécurité…

- Vous ne voulez pas vous promener un peu en attendant que la nuit soit complètement tombée.

Les sœurs se promènent dans les allées…

- Vous vous souvenez, lorsque nous sommes arrivées ici…c’était en 1822 quelques mois après le Miracle eucharistique de la rue Mazarin. La maison nous semblait un palace. Nous avions été si à l’étroit jusque-là.

- C’est à ce moment-là que nous avons décidé de nous mettre sous le patronage de « Notre Dame de Lorette »

- Ces arbres étaient déjà là : ce cèdre monumental, ces magnolias, ces chênes, ces tilleuls…Quelle merveille de voir qu’ils existent encore malgré tout le désastre provoqué par ce qu’ils appellent aujourd’hui d’un mot désagréable que nous ne connaissions pas: la pollution… Il paraît qu’il y en a de plus en plus. Où est le bon air d’antan ? Notre Bon Père aimait se promener dans le parc qui avait un caractère tout à fait romantique…je le revois parcourant ces allées.

Soudain Noémie Gautier s’arrête…

-  Vous entendez la musique, il semble que le spectacle commence, cette fois…Mais qu’est-ce que j’aperçois… ? Quelqu’un cherche à entrer dans ma chambre en passant par la fenêtre…oh ça alors…De notre temps on avait plus de respect…Allons prévenir le directeur…

- Attendez…mais est-ce que je rêve ?  Ils sont plusieurs à faire des acrobaties sur le mur, ils n’ont vraiment pas peur…

- Cela doit faire partie du spectacle. Sur le programme ils parlaient de « théâtre vertical ».Moi j’aurais aimé en faire autant, on doit éprouver de telles émotions à se lâcher ainsi dans le vide

- Et regardez : sur les plus hautes branches des arbres, il ya des élèves…De notre temps, c’était interdit de grimper…mais maintenant tout est permis…oh mais c’est beau, ce qu’ils font …j’espère qu’ils ne vont pas tomber…Je n’en reviens pas…ils se promènent d’arbre en arbre, venez, suivons-les…

- Chut, écoutez, c’est notre histoire qu’on raconte, ils ne nous ont donc pas oubliées…

- Approchons-nous, c’est tellement beau ce qu’ils disent de la terre qui porte en son sein le processus du vivant…sur l’humus et l’humain qui ont une racine commune…la Mère Bonnat se réjouirait du talent poétique de ces jeunes si elle était là. Admirez cette créativité, cette capacité de nous faire vivre simplement avec du papier kraft, un texte, de la lumière, des instruments de musique, une voix, les métamorphoses de la vie déstabilisée par les humains.

- Ils ont dû beaucoup travailler pour monter un tel spectacle. Mais vous comprenez, vous, ce qu’ils font dans ce lycée ? J’ai lu la brochure et je n’y comprends pas grand-chose à toutes ces sciences modernes qu’on leur enseigne, vous savez, vous, ce que c’est la domotique ?

- Non, mais il faut bien qu’ils évoluent  avec leur temps…En tout cas ils sont 650 élèves et moi ce qui me plaît c’est leur projet de réhabiliter le parc. Ils ont planté de nouveaux arbres, terminé le ratissage et planté une haie pour attirer les oiseaux et les insectes. Ils vont rafraîchir les bosquets et clôturer une friche avec des bois flottés où la végétation retrouvera ses droits, ça s’appelle « un climax »…

- Vous en savez des choses…

- oui, j’ai lu cela dans Sud-ouest et un professeur m’a expliqué.

- Ils veulent aussi créer une prairie de fleurs vivaces comme à la Solitude. Cela va mettre de la couleur et de la beauté.

- Mais où prendront-ils l’eau ? il n’y a plus le puits de jadis…

- Il parait que les jeunes vont installer un système d’irrigation, vous savez comment ça marche ?

- Non, il va falloir que nous suivions leurs cours pour en apprendre un peu plus.

- Moi j’irai avec mon dictionnaire parce qu’avec tous ces nouveaux mots : écologie, vision cosmique, biodiversité, développement durable, je m’y perds un peu. Mais tout cela me semble passionnant… Voir ces jeunes qui pensent au futur, qui préservent le patrimoine que nous leur avons laissé, c’est plein d’espérance.

- Allez, venez, il se fait tard…nous reprendrons cette conversation demain et nous verrons quelle nouvelle petite escapade nous pouvons organiser pour nous tenir à la page, comme on dit maintenant.

Le 5 juin, journée de l’environnement, dans le cadre des Rendez-vous au jardin les élèves du Lycée Sainte –Famille anciennement Notre Dame de Lorette, ont présenté un spectacle son et lumière qui a choisi pour thématique : » théâtre vertical et jardin noctiluque ». La communauté  de Martillac et plusieurs autres sœurs de la Sainte-Famille avons répondu à l’invitation et avons été émerveillées par la qualité de cette manifestation.