La tragique situation de la population de Vanni ( région au nord du Sri Lanka ) prise dans le feu croisé des belligérants, et qui a été regroupée dans les camps de déplacés et aux alentours de Vavuniya ( centre du Sri-lanka) a été très présente dans les nouvelles de ces dernières semaines.
La Caritas nous donne un peu d’argent pour nos frais d’alimentation. Le 17 nous avons fini d’installer les affaires et nous avons préparé un plat de vermicelles pour le souper. Dès le premier jour, trois sœurs Carmélites Apostoliques se sont unies à nous dans la nouvelle maison. Nous étions six. La semaine suivante est venue avec nous une sœur de la Sainte Croix. Trois religieuses Salvadoriennes sont venues nous visiter avec deux jeunes soeurs. A présent nous sommes huit et deux Salvadoriennes vont se joindre à nous pour travailler dans un autre endroit. Ainsi augmente le nombre de celles qui travaillent dans la maison. Nous pensons cuisiner à midi et avec l’aide d’une famille nous nous organisons pour l’après-midi et pour la nuit. Nous partons à l’hopital à 8h et nous revenons vers 12h-12h30, sous un soleil de plomb. L’après-midi nous partons vers les 16h30-17h et nous revenons vers 20h30-21h. À tour de rôle, deux par deux, nous demeurons à l’hopital, de 17h30 à 22h30. Au début nous nous sentions fatiguées, mais à présent nous nous sommes habituées à ce rythme. Le Directeur du « Service des Jésuites pour les Réfugiés » est venu nous visiter avec deux prêtres. Nous avons eu aussi la visite d’un prêtre venu avec un groupe de personnes, qui nous a offert 25.000 roupies. Le Valvothayam (Organisation humanitaire de Mannar, au nord –ouest du Sri Lanka) et le JRS ( Le Service des Jésuites pour les Réfugiés) nous apportent certaines choses pour les distribuer aux nécessiteux. Il y a deux semaines nous avions 1200 malades. Cette semaine il y en a presque 700. Nous espérons qu’à la fin d’avril il y en aura moins. Les malades viennent de Vanni. Chacun a son histoire. Ils racontent des choses terribles. Ils arrivent dans de très mauvaises conditions. Lorsqu’ils nous parlent ils doivent lutter avec leurs propres sentiments, ce n’est pas facile. Certains disent : « Je suis vivant par miracle ! » La plupart nous déclarent que la moitié de ceux qui fuyaient avec eux ont été tués…. Mais beaucoup sentent la force et l’appui de Dieu. Je porte tous ces récits dans ma prière. Le sentiment d’impuissance est très grand. Les employés du gouvernement sont très déprimés. Nous prions aussi pour eux. Nous sommes préoccupés par le passé et par le futur, beaucoup sont inquiets pour les membres de leurs familles qui sont encore à Vanni. C’est difficile d’écouter ce qu’ils nous racontent !
C’est tellement dur de les entendre crier et demander ! Mais Dieu m’aide à être une femme forte afin de rester avec eux et partager leur douleur. Je suis très heureuse d’être ici, je suis bien, je suis heureuse de pouvoir accomplir cette mission. Merci beaucoup de me permettre de partager mon affection avec les petits et de me donner cette grande et merveilleuse opportunité de demeurer avec notre peuple transpercé par la douleur. Je suis tellement reconnaissante de cela, ma chère sœur. |