Sœur Sainte Flavie - un témoignage de Sœur Thérèse Segretain

Vous vous souvenez sans doute de l’éditorial de nos dernières Interconnexions qui parlait de Sœur Flavie de Craon. Voici un témoignage de Sœur Thérèse, originaire de la ville de Craon, qui a eu la chance de connaître Sœur Flavie.

C’est très intéressant ce qu’elle nous raconte sur cette Sœur spéciale.

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Tu sais que je suis originaire de cette ville de CRAON   et que la sœur en question s’appelait non pas Flavia mais sœur Sainte Flavie !

Ce sont de jeunes associées qui sont avec cette sœur qui est de profil. Cette sœur est Sœur Sainte Flavie. Une sœur de l’Espérance Les photos étaient rares et les sœurs n’avaient pas le droit de se faire photographier. Je pensais mettre cette photo dans le dernier journal de juin, dans l’article qui parle de la croix de Martillac, mais c’aurait été trop long ….

Une des associées de cette photo est Maman/ elle devait avoir 16 ou 18 ans ....

Elles se réunissaient le dimanche après-midi ....  Je reconnais plusieurs de ses amies ....

Cette sœur est restée très longtemps à CRAON …et je l’ai connue. C’était une excellente infirmière à domicile.

Elle était devenue sourde car un malade pris d’une crise de folie, alors qu’elle était jeune sœur à la clinique de NANTES l’avait frappée et lui avait percé les oreilles....

Elle parlait très doucement: elle a eu beaucoup d’influence dans ma famille et dans la ville.

Elle a rencontré aussi l’abbé Pierre, Fondateur d’Emmaüs qui visitait les villages vers les années 1956- 57 et grâce au maire du village et le curé, un lotissement “Abbé Pierre” a été construit grâce aux collectes faites par les chiffonniers d’Emmaüs. Ce lotissement existe toujours.

Sœur Sainte Flavie a été très présente à ma famille lors du décès d’une de mes sœurs pendant la guerre en 1942. (Ma sœur avait 16 ans)

Elle a aussi beaucoup soigné mon frère ainé qui est devenu prêtre et Papa;

Lors de mes vœux perpétuels, (la sœur était décédée depuis 20   ans) mon frère l’a nommée dans le mémento de la messe car pour mon frère et mon village, elle est vraiment considérée comme une sainte.

Je pourrais dire bien des choses qui ne sont pas des anecdotes car je ne voudrais pas que sa mémoire ne garde que ce côté anecdotique.

Une sœur qui est à BUC a vécu avec elle en communauté, mais elle n’est plus capable de se souvenir de quoi que ce soit.

Je sais aussi que cette sœur Sainte Flavie était Fille de Dieu Seul ....

J’ai compris cela bien tardivement   .... En rapprochant comme un puzzle différents faits....

Quand je suis partie pour entrer dans la Sainte Famille, elle était en maison de retraite à LAVAL.

Elle a écrit une lettre magnifique à Maman, lettre que j’ai trouvée une fois, mais que je n’ai pas gardée car, alors je ne pouvais pas la prendre. Cette lettre était pliée dans le tiroir de la machine à coudre de Maman (qui était couturière) Et c’était pour elle quelque chose de très précieux.

Cette sœur a fondée avec le maire et le curé   le premier “foyer de vieux retraités” dans les années 1950. 

C’était vraiment une innovation:  les hommes surtout se retrouvaient là pour jouer aux cartes, à la belote quelques après-midi par semaine. Parler du “foyer des vieux” n’était en rien péjoratif.

Pendant la guerre, juste avant la libération, Sœur Sainte Flavie a empêché que la ville ne soit détruite ;

Un soldat allemand, prêtre, venait dire la messe en cachette chez les sœurs et un jour il a dévoilé que le pont que devait emprunter les Américains qui venaient libérer la ville, était miné ainsi que la chapelle des sœurs. La sœur a pris le risque et est allée les déminer .... Ce sont des choses que j’ai entendu dire .... Puisque je ne suis née qu’après la guerre ....

Sache aussi que lorsque Maman était petite, c’est une “demoiselle qui habitait chez les sœurs “ qui lui a fait le catéchisme.

Il s’avère que c’était en fait ... une “Dame de la Sainte Famille”, une séculière qui faisait le catéchisme aux enfants de l’école publique .... Que j’ai connue aussi, mais pour moi cette dame était très âgée, évidemment   et je ne savais pas tout ça. 

Sœur Thérèse Segretain - France

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L'histoire de Flavia à partir de l'éditorial

C'est une histoire vraie.  Il s'agit d'une « bonne âme », à la fois humble et courageuse, qui a vécu dans les années 1950. C'est un témoignage de notre dépendance totale à Dieu qui nous   appelle, par l'intermédiaire de notre Fondateur, à rendre notre Charisme vivant par une vie donnée pour les autres, en particulier les plus démunis et les pauvres.

Sœur Flavia de la ville française de Craon, au début des années 70, était déjà  malentendante... Tout le monde la connaissait à Craon, elle était l'amie de tous : du maire, du curé, des jeunes et des vieux.

Elle était considérée comme une sainte dans cette région, mais si on lui disait cela, ses yeux brilleraient de colère. Pourtant, le chauffeur de taxi  l'emmenait dans sa voiture pour trois "Je vous salue Marie" ; les mères l'appelaient lorsque leurs enfants étaient malades.  Bien qu'elle ait eu 72 ans, Sœur Flavia était encore jeune, fraîche et alerte. On la rencontrait   partout : à l'hôpital, dans les rues et le long des routes de campagne accidentées. Son  sourire radieux et son extrême gentillesse l'accompagnaient partout où elle allait.

Pendant de nombreuses années, Sœur Flavia était sourde. Une grande épreuve... aussi une croix ? Oh non ! Pas pour elle ; elle considérait cela comme une bénédiction – « Je ne saurais remercier assez Dieu » vous dirait-elle, « pour toutes les grâces que j'ai reçues à travers ma surdité ». Des grâces intérieures de paix et de bonheur ... voici son secret et sa surdité semblait faire des merveilles pour ses pauvres. 

Elle racontait une fois ce qui lui était arrivé lorsqu’elle était sortie pour mendier en faveur de ses pauvres vieillards. Attendant sa requête, la dame de la maison avait dit toutes sortes de propos désagréables et lui avait montré la porte, du moins c’est ce que les autres témoins lui ont dit plus tard. Croyant que la dame la remerciait pour la visite, elle dit: « Quelle gentillesse de votre part Mme X... je savais que vous ne me    refuseriez pas. Je dirai un chapelet pour vos intentions et Dieu récompensera votre charité. » Et un témoin ajoute que la dame a finalement ouvert son sac à main en disant doucement « Elle est impossible ».

Retrouvez-la dans une ferme.

Un matin, nous la retrouvons à mendier pour les   pauvres à la porte de Mme Durand qui s'empresse de lui demander si elle souhaitait une aide en argent ou en nature. Sœur Flavia choisit de recevoir de l'argent, consciente du besoin de médicaments et de charbon à l'approche de l'hiver. Un billet de dix francs lui est rapidement remis, puis la sœur est ramenée à travers la cour jusqu'à la porte. Mais ce qui se passe sur le chemin est assez intéressant... typique de Sœur Flavia !

Elles passent devant la grange.  Bien que sourde, Sr. Flavia avait un pouvoir d'observation inimaginable !  Elle était un génie pour obtenir ce qu'elle voulait - pas pour elle-même, mais pour les pauvres.  Ecoutez la conversation qui s'ensuit entre elles :

« Je crois que vous avez eu une bonne récolte Mme Durand. Comme je suis ravie. Je suppose qu’il vous reste encore un sac de blé… »

« Oh, Sœur Flavia, je vous ai demandé si vous  préfériez la nourriture ou l'argent et vous m'avez dit que vous préfériez l'argent. »

« Oui, je sais, mais je suis tout à fait prête à prendre les deux...» et un sac de farine s'echappe de la grange, comme par magie.

Un peu plus loin, elles arrivent au poulailler; la sœur s'extasie sur les canards, les lapins et les dindes.

« Si je pouvais avoir une oie... une seule Mme Durand... vous n'en manqueriez jamais une, parmi toutes les autres. »

« Oh Sœur Flavia, vous allez trop loin », grommèle la pauvre femme, qui en même temps s'empare    d'une oie et l'emprisonne dans un panier.

« Merci beaucoup ! Maintenant, j'en ai six pour la tombola. » La compagne de Sœur Flavia admet qu'elle a honte, mais Sœur Flavia la rassure en disant : « Oh, ne vous inquiétez pas, ils sont très heureux de donner, et ils savent que je prie toujours pour eux ».

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