Etre un pont avec les handicapés
Je partage mon expérience comme éducatrice à l’ESTAT (Etablissement Social Aide par le Travail). J’y ai travaillé 18 ans. Ce service a été interrompu il y a 6 ans pour répondre à la mission demandée comme conseillère du Réseau.
Comme monitrice d’atelier la formation reçue m’a permis de faire un travail éducatif en vue de conduire des handicapés adultes en difficulté, fragiles émotionnellement, vers une insertion sociale. La responsabilité consistait en une prise en charge quotidienne de ces personnes et la mise en place d’outils éducatifs afin de favoriser leur insertion dans la société et dans le monde du travail.
Très vite, j’ai découvert que l’exigence primordiale est de créer une relation de confiance. Il faut prendre du temps pour instaurer une telle relation. Il s’agit d’être assez proche de chacun, exercer de la patience pour se connaitre et établir un climat de confiance et de respect. Souvent la première relation est le regard, le sourire.
Tout au long des activités, ainsi que dans les moments informels il s’agit de créer un climat d’écoute et de dialogue, en se rendant disponible à leurs demandes. Le matin c’est le temps qui permet de dire bonjour en serrant la main de chacun, d’échanger quelques mots pour sentir le climat autour d’un café ou d’un thé pris ensemble. Je porte attention à l’état des personnes, à leur manière de se présenter, à leurs réactions, car pour certains la nuit a peut-être été mauvaise et d’autres facteurs ont pu jouer sur leur comportement. Alors le temps de l’écoute les calme. L’expérience m’a appris la patience et l’importance de l’accompagnement.
L’objectif du moniteur est aussi de leur apprendre à « se débrouiller » pour favoriser leur indépendance, leur insertion « dans une certaine mesure ». Pour l’adulte limité par un handicap l’accès à un emploi est le passage du statut d’enfant à celui d’adulte. C’est le principal enjeu de notre travail !
Savoir créer une bonne ambiance, avoir de l’humour et beaucoup
de respect, semblent indispensables. Il est important d’adapter sa manière de communiquer en fonction de la personne. J’ai expérimenté qu’avec certains l’humour permet de rentrer en contact et de renforcer la relation.
Le lien doit se faire aussi avec les parents. Un contact suivi, des rencontres, sont essentiels pour bâtir avec eux « le projet personnel » de leur enfant qui l’aidera à grandir dans l’autonomie et la responsabilité.
Dans notre mission éducative, il est indispensable de se connaître chacun, c’est le seul chemin de leur réussite. C’est, jour après jour écouter, dialoguer, expliquer, conseiller, orienter pour aider à éviter les échecs qui découragent et entrainent le repli sur soi.
« Je ne soigne jamais des foules mais seulement des personnes »
. Cette parole de Mère Teresa a été pour moi une ligne de conduite.
Maristella Arokiam, Apostolique - France