Une réflexion pour le 3 février 2011

Pour les membres de la Sainte-Famille de Bordeaux, le 3 février 1822 est plus qu’un pur événement historique ; c’est un événement qui porte des fruits durables, une bénédiction spéciale qui appelle à une louange incessante et à une joyeuse action de grâces car : « Le Seigneur a fait pour nous des merveilles ; nous sommes dans la joie » (Ps 126,3).





BÉNIS POUR ÊTRE, À NOTRE TOUR, UNE BÉNÉDICTION


 


Pour les membres de la Sainte-Famille de Bordeaux, le 3 février 1822 est plus qu’un pur événement historique ; c’est un événement qui porte des fruits durables, une bénédiction spéciale qui appelle à une louange incessante et à une joyeuse action de grâces car : « Le Seigneur a fait pour nous des merveilles ; nous sommes dans la joie » (Ps 126,3).


 


Nous connaissons bien le contexte d’une telle grâce. La fondation récente de Pierre Bienvenu Noailles était secouée par un orage d’opposition et de critique ; le manque de ressources matérielles et de soutien humain blessait profondément le vulnérable « petit troupeau » du Fondateur. Dans leur détresse, dans leur esprit de « pauvres de Yaweh » il se tournaient dans un abandon confiant vers Celui dont ils savaient « qu’il n’a point méprisé, ni dédaigné la pauvreté du pauvre, ni caché de lui sa face » (Ps 22,25).  Combien la vérité de ces paroles a été prouvée par le petit groupe assemblé pour la bénédiction du Saint Sacrement en cet après-midi particulier ! Le Seigneur leur a laissé contempler son aimable face, rayonnante de bonté.


 


La bénédiction eucharistique du 3 février 1822 est comme un bijou aux multiples facettes qui réfracte la lumière avec des nuances et des formes variées et nous invite à contempler le mystère d’amour inépuisable sous différents angles et dans ses multiples manifestations.


 


Aujourd’hui, regardons la bénédiction miraculeuse comme une touchante révélation de notre Dieu qui est pure compassion. Cela signifie, avant tout, que notre Dieu est un Dieu qui a librement choisi d’être Dieu-avec-nous, un Dieu qui entre au fond de nos vies humaines et est profondément touché par la détresse humaine.


 


En Jésus de Nazareth, cette divine solidarité, devint pour nous aussi visible que la clarté du jour. Les évangiles sont remplis de la compassion rayonnante de Dieu dans les paroles, les actes et la présence de Jésus. C’est le même Jésus qui marchait sur les chemins de Galilée qui descendit rue de Mazarin, ce 3 février 1822 pour nous dire qu’il est avec nous et qu’il le restera toujours !


 


Nous savons qu’aucun don, aucune grâce n’est donnée pour le seul bien d’une personne ou d’un groupe. Chaque célébration du 3 février nous rappelle d’une manière frappante que si nous avons été bénis par le Seigneur d’une manière toute particulière, nous sommes appelés à être nous-mêmes, à notre tour, une bénédiction pour nos frères et sœurs.


 


Lorsque nous considérons la grâce de 1822 comme un geste d’amour de notre Dieu, le Dieu de compassion, « qui voit l’affliction de son peuple, entend son cri, qui connaît leur souffrance et qui vient les délivrer » (cf Ex 3,7-8)  nous nous sentons pressés d’être une présence de compassion dans le monde compétitif d’aujourd’hui. La compassion ne doit pas être une simple vertu parmi les autres, mais un style de vie, une manière d’être. Nous sommes appelés à conformer notre manière de vivre à celle de Jésus, à vivre une vie de solidarité avec nos frères et sœurs dans leur vulnérabilité, leur pauvreté, leur souffrance, leur aliénation, leur misère sous toutes ses formes. La solidarité remplie de compassion nous demande d’aller là où ça fait mal, d’entrer dans la douleur de l’autre pour partager ce qui le brise et l’angoisse. L’appel radical de Jésus à une vie de compassion est exprimée dans ses paroles « soyez miséricordieux comme votre Père du ciel est miséricordieux » (Lc 6,36) Le Dieu qui devient visible en Jésus est aussi la source de notre propre compassion. Nous avons un moyen privilégié de nous imprégner de la divine compassion et de la faire nôtre, c’est l’Eucharistie.


 


L’apparition de Jésus à nos premières sœurs durant la bénédiction du St Sacrement, a une signification spéciale. Elle met en relief la présence de Jésus avec nous, son être-avec-nous, son être-là-pour-nous. Peut-être, alors, que c’est une façon importante d’exprimer la compassion en étant-avec-l’autre, en étant-là-pour-l’autre ! Peut-être que tout ce que nous pouvons faire dans beaucoup de situations c’est seulement d’être-avec, d’être une présence-pour, d’être une présence avec et parmi nos frères et sœurs pauvres et dans la souffrance. Quand nous sommes présents en profondeur, nos cœurs aussi demeurent là dans une vraie solidarité et une vraie communion. Chaque fois que nous choisissons d’être présents aux autres dans la compassion, c’est le cœur de Jésus lui-même qui aime en nous.


 


Puisse la bénédiction eucharistique de Jésus dont nous célébrons la mémoire le 3 février 2011, nous presser d’apporter son amour rempli de compassion à nos frères et sœurs et à notre Terre en souffrance !


 


Bénis par Jésus, puissions-nous aussi devenir une bénédiction pour les autres !


 


Sr Claire Fernando- Monastère de Nagoda (Sri-Lanka)