RENATE – Première Conférence Internationale

« Lorsque nous entendons des pleurs … » Que faisons-nous lorsque nous entendons des pleurs ? En général nous cherchons les raisons qui les ont motivés. Si les pleurs sont forts, nous ne pouvons les ignorer. Cependant, il y a beaucoup de gens dans le besoin qui ne veulent, ni ne peuvent crier. Une raison, peut-être, c’est qu’ils ont trop peur pour le faire ; une autre, qu’ils ont honte d’attirer l’attention des autres sur leur situation douloureuse. Ceci, semble être le cas des femmes obligées à se prostituer par des trafiquants de personnes.





RENATE – Première Conférence Internationale

(Réseau des Religieuses d’Europe contre le Traite et l’Exploitation des personnes humaines )


 


« Lorsque nous entendons des pleurs … » Que faisons-nous lorsque nous entendons des pleurs ? En général nous cherchons les raisons qui les ont motivés.  Si les pleurs sont forts, nous ne pouvons les ignorer. Cependant, il y a beaucoup de gens dans le besoin qui ne veulent, ni ne peuvent crier. Une raison, peut-être, c’est qu’ils ont trop peur pour le faire ; une autre, qu’ils ont honte d’attirer l’attention des autres sur leur situation douloureuse. Ceci, semble être le cas des femmes obligées à se prostituer par des trafiquants de personnes. RENATE, le réseau des religieuses engagées à travailler ensemble contre le trafic et l’exploitation des êtres humains en Europe, ont organisé une Conférence sur ce thème.


 


La réunion a eu lieu au Centre de Spiritualité des Salvadoriens à Trzebinia, près de Cracovie, en Pologne, du 4 au 9 septembre 2011. Les 72 participantes provenaient de 18 pays : Albanie, Autriche, Croatie, République Tchèque, France, Allemagne, Irlande, Italie, Kosovo, Monténégro, Pays Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, et Royaume Uni. Les Etats-Unis étaient représentés par un expert.


 


Parmi les invités, certains étaient déjà engagés dans cette lutte contre la traite des femmes et l’aide aux survivantes ; d’autres, étaient disposées à entrer et à participer à cette action. Moi-même, j’étais l’une des six membres de l’organisation irlandaise APT (Loi de Prévention de la Traite des Personnes) ; deux membres de l’APT ont fait partie du comité de direction qui a élaboré la Conférence.


 


Un des objectifs du programme était de permettre aux participantes de partager, échanger leurs expériences et dans le futur arriver à coordonner le travail. Chaque jour débutait par l’Eucharistie qui était célébrée dans la chapelle du Centre. Une équipe de liturgie avait préparé un rituel de réconciliation de la durée d’une semaine avec des lectures de l’Ecriture qui nous orientaient sur ce thème.


On avait invité principalement deux experts : Ian Linden, Directeur de la « Tony Blair Faith Fondation » et Mary Grey, théologienne féministe britannique.


 


La conférence de Ian sur « Droits humains et trafic des personnes », jointe aux questions issues du débat  ont fait émerger ces interrogations :


 


Ø     Comment pouvons-nous encourager les victimes pour qu’elles parlent de leurs expériences ?


Ø     Quelles recommandations, directives, pourrait-on nous donner dans ce travail de prévention des femmes contre la traite des personnes.


Ø     Souvent les victimes ne se considèrent pas victimes mais coupables. Quelles seraient les stratégies pour lutter contre cette attitude ?


Ø     Comment obtenir que les religieux travaillent contre ce fléau ?


Ø     Est-ce que nous luttons en avant-garde ou est-ce que nous mettons simplement en ordre ce que les trafiquants laissent derrière eux ?


Ø     Nous sommes une petite église dans un monde immense. Nous pensons être une grande église dans un petit monde ! Est-ce que l’Eglise a encore une voix prophétique dans ce champ ? Si c’est ainsi, où entendons-nous sa voix ?


Ø     Le moteur qui peut mouvoir tout cela, c’est cette question : « Comment conscientiser les hommes et les femmes pour qu’ils luttent contre ce fléau ?


 


La conférence de Mary Grey, intitulée : » Créés pour la dignité et le bien-être » a essayé d’apporter une réponse à partir de la théologie et de la spiritualité aux questions en lien avec la traite des femmes. Le concept clé de sa causerie a introduit le groupe dans la spiritualité du « sumud », mot arabe  qui signifie : constance, persévérance.


 


Au cours du débat d’autres interrogations ont surgi :


 


Ø     Comment pouvons-nous découvrir la sagesse qu’il y a en chacune et la partager lorsque nous travaillons ensemble ?


Ø     Comment faire pour écouter les autres points de vue des différentes théologies, des différents idiomes et cultures, sachant que le plus important dans notre ministère est de révéler aux femmes leur dignité ?


 


Nous avons eu deux témoignages de première main : le fonctionnement de deux refuges pour les victimes de la traite des femmes, en Pologne et en Albanie.


 


La présentatrice de la Pologne, une femme d’une Congrégation locale a été un exemple de  foi dans l’action et un témoignage prophétique. Sans aucune ressource, sans formation spécifique, elle est entrée dans le monde de la prostitution et peu à peu a gagné la confiance des femmes.  Une aide inespérée lui est arrivée lorsque la nécessité s’est présentée de trouver un hébergement pour celles qui désiraient changer vie. Mais cette œuvre était et continue à être onéreuse. Nous avons fait entre nous une collecte pour l’aider en partie.


 


Les thèmes pour les travaux de groupe étaient les suivants :


Droit et traite des personnes. Le droit de la liberté pour les femmes. Justice et vérité. La légalisation de la prostitution signifie violence contre la femme. Lobby. La demande. Le rôle prophétique des religieuses dans la lutte contre la traite des femmes. La doctrine sociale de l’Église.


 


Les participants ne pouvaient assister qu’à un seul atelier, par manque de temps. Cependant on a publié les points les plus importants des différents carrefours pour permettre une majeure interaction et la proposition d’autres thèmes.


 


Dans une intervention on nous a expliqué comment les trafiquants  usaient principalement internet et les réseaux sociaux pour attirer et recruter leurs victimes.


 


Vers la moitié de notre programme, on a organisé deux sorties qui ont permit aux participantes de toucher des mains la réalité. Elles ont visité un refuge pour les victimes de ce trafic et un internat pour des enfants qui ont des problèmes, à Auschwitz et un Centre pour le dialogue et la réconciliation qui est situé près d’Auschwitz.


 


Ø     Comme résultat de ce que l’on a vu et écouté, il y eut une réflexion et un échange sur les propositions de « RENATE » :


Ø     On reconnaît que la Conférence a permit un échange de matériel, d’informations et de formation.


Ø     Le groupe de direction qui suivra, devra inclure un nombre égal de membres d’Europe Orientale et Occidentale.


Ø     Il faudra créer des liens entre RENATE et la UCESM (Conférence Européenne des Religieuses)


Ø     RENATE à la demande de l’UISG sera chargée de diriger la campagne contre la traite des femmes aux Jeux Olympiques de 2012.


Ø     Formation en communication sociale pour les membres que l’on aura désignés.


Ø     Formation en vue de recueillir  des fonds pour les membres qui seront désignés.


Ø     Engagement permanent de tous dans la campagne annuelle du 18 octobre Jour Européen contre la traite des femmes.


Ø     On a pris l’engagement de travailler unis, dans l’avenir.


 


 


Il est bon de savoir que RENATE a été érigée juridiquement, avec une aide financière, en 2010. Elle a débuté avec 15 membres.  On a formé un Comité de direction de 6 personnes qui ont reçu le mandat d’organiser la Conférence pour 2011, avec le but de lancer le réseau. La Conférence a été financée uniquement par des aides venues de divers donateurs, dont les Congrégations religieuses et autres associations. Certaines Congrégations se sont engagées à la financer pour une longue période.


 


La mission de RENATE est en train d’évoluer.  Elle s’est engagée non seulement à travailler avec les victimes mais aussi à étudier les racines du problème et elle continuera sa mission à la lumière des informations reçues durant ces quatre jours. Elle aspire à être une seule voix, un seul cœur et à partager une même passion qui permette au groupe de travailler non seulement en solidarité, mais d’acquérir une unité de pensée dans sa stratégie.


 


A la fin de la Conférence on a donné à chacun un document qui contenait les échanges les plus importants, les rapports des débats ainsi que les communiqués de presse envoyés par le porte-voix du groupe. Pratiquement c’était une rencontre presque sans papiers. Comme c’est la coutume, le dernier soir nous avons fêté avec spécialités et boissons typiques de la Pologne et un quatuor nous a fait tous danser.


 



Tout ce qui été dit précédemment parle du programme de la Conférence et du travail réalisé.  Mais il y avait davantage : une ambiance de communion extraordinaire qui venait de l’engagement et de l’urgence ressentie par tous les membres qui se donnent dans cette lutte contre la traite des femmes.


 


Nous avons pu acquérir, aussi, une vision plus claire du fonctionnement d’un réseau. Par définition, un réseau n’a pas de structures, ni une base, ni des chefs.  Le mandat du Comité exécutif qui a organisé cette Conférence a pris fin avec la Conférence elle-même. La plus grande partie du travail s’est réalisée par courrier électronique et pas Skype. Lorsque le comité a du se réunir à deux occasions, le SRTV (Fondation Hollandaise contre la traite des femmes) les a accueillis dans un de leurs couvents. Ils se partagèrent les différentes tâches et les ont réalisées efficacement. Ceux qui ont participé à la Conférence ont été émerveillés de voir comment tout a bien fonctionné.


 


Un nouveau Comité de direction avec un nombre égal de membres d’Europe Orientale et Occidentale, organisera la prochaine Conférence. Et le réseau continuera : nouvelles, informations sur les moyens adoptés dans les divers lieux d’Europe, appels à l’action, thèmes d’intérêt sur ce champ de travail envoyés à tous, aides sollicitées lorsque c’est nécessaire … Tout cela est mené à bien au moyen d’Internet, des moyens de communication sociale, du courrier électronique.


 


Síle Mc Gowan


Communauté de Clane