LA VOCATION D’UN PRÊTRE ASSOCIE SAINTE-FAMILLE

Il y a bien longtemps – j'avais 17 ans – au cours d’un camp d’été organisé par le mouvement eucharistique des jeunes, un camarade à qui j’avais confié mon désir d’être missionnaire en Afrique m’avait fait cette remarque : “personnaliser sa foi aujourd’hui, c’est le meilleur moyen d’y voir clair !”. Je ne suis pas devenu Père Blanc mais prêtre diocésain en Gironde. Mais je crois que ce bon conseil reçu m’a guidé tout au long de mon adolescence et de mon entrée dans la vie adulte jusqu’à ce jour où une soeur apostolique de la Sainte-Famille m’a parlé de l’existence des prêtres associés parmi les cinq vocations qui constituent la Famille de Pierre Bienvenu Noailles.

Mes premiers souvenirs de vie chrétienne sont liés à mon enfance et ma jeunesse : l’initiation à la prière en famille, la messe dominicale à la paroisse et le souci des prêtres de nous faire participer à l’animation paroissiale.

Puis pendant la formation au grand séminaire, trois grandes découvertes : la Parole de Dieu, l’enseignement du Concile de Vatican II, et la richesse des courants de spiritualité à travers les siècles. Je peux dire avec reconnaissance que ces trois axes ont façonné le prêtre que je suis et continuent de m’inspirer. Je crois aussi que cette manière de faire Eglise dans la diversité des vocations baptismales a préparé en moi le “oui” à l’appel à devenir prêtre associé. Tout au long des missions que j’ai reçues des évêques successifs, j’ai presque toujours eu la joie de pouvoir collaborer avec des jeunes, des adultes, des religieuses et des prêtres. Nous partagions la conviction profonde que l’Eglise, dans la vision renouvelée du Concile, ne pouvait être qu’un peuple, qu’une famille au sein de laquelle chacun apporte aux autres les trésors que l’Esprit Saint lui donne pour le bien de tous. Je reste émerveillé de tout ce qu’il m’a été donné de recevoir et de partager au cours de ma vie de prêtre.

J’ai toujours aimé lire la Bible grâce à la bible de poche qui m’a été offerte pour ma profession de foi quand j’avais douze ans. J’aimais les partages d’Evangile que nous pratiquions dans les activités avec les jeunes et les adultes. Aujourd’hui la pratique de la lectio divina m’apporte beaucoup dans ma spirituelle. J’ai découvert aussi l’importance de la prédication dans le ministère du prêtre de paroisse, et je confesse avec humilité que j’ai peiné jusqu’à ces dernières années dans l’art de l’homélie ! Grâce à Dieu, l’Esprit Saint a fini par avoir pitié moi et me donne un peu plus de charisme dans ce domaine. J’ai découvert au cours de ma formation de prêtre associé la place essentielle que tenait la Parole de Dieu dans la vie de notre fondateur comme nourriture de sa vie spirituelle.

Grâce à ma grand-mère et à une visite familiale à Lisieux quand j’avais dix ans, j’ai découvert la spiritualité du Carmel à travers la vie de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Durant ma formation au séminaire, j’ai pu approfondir l’apport des différentes familles spirituelles. Avant de connaître la Sainte-Famille, je me suis nourri avec bonheur de la spiritualité carmélitaine et aussi des ouvrages de saint François de Sales. J’y puisais à la fois l’importance de venir rencontrer le Seigneur avec tout ce que je suis dans mon humanité en lien avec le réalisme et la simplicité de l’Evangile.

Quand la soeur qui est devenue ma formatrice m’a proposé de lire le compte-rendu de la rencontre des prêtres associés à Kandy, en 2004, au Sri Lanka, j’ai compris que cette vocation était un appel pour moi. La relecture de ma vie de chrétien et de prêtre jusqu’à ce jour devenait lumineuse de cette réalité : le Seigneur avait longuement préparé en moi le désir de vivre mon ministère de prêtre diocésain au sein d’une famille spirituelle. En lisant la vie de Pierre Bienvenu, j’ai trouvé la place de la Parole de Dieu, l’harmonie des différentes vocations et la nécessité de vivre la vie évangélique dans un esprit de famille. Quelle joie de voir confirmer ce que j’essayais de vivre dans le quotidien de ma vie pastorale : donner envie de faire Eglise comme une immense Famille rassemblée en Dieu comme la Sainte Famille de Nazareth.

 

Au cours de ma formation, j’ai appris à découvrir d’autres aspects de la spiritualité Sainte-Famille : l’esprit de Dieu Seul, l’attention à lire les signes des temps – autre apport du Concile – pour répondre aux nécessités d’aujourd’hui et la dimension internationale de notre charisme qui me fait vivre une communion profonde et riche avec les cinq vocations. Comme prêtre diocésain, je suis, bien sûr, lié à mon évêque et aux prêtres de mon diocèse, mais je ressens très fortement le lien fraternel avec le groupe international des prêtres associés. J’en rends grâce à Dieu. J’ai eu la joie de prononcer mon engagement à Martillac en octobre 2007 lors de la rencontre des prêtres associés, en même temps que le Père Bernard, du Lesotho.

En cette année du Bicentenaire de la fondation de notre Famille, je suis heureux de partager ce chemin de vie qui m’a conduit à cet engagement et à vivre avec bonheur ma vocation au sein de la Sainte-Famille de Bordeaux. Je voudrais remercier particulièrement les soeurs apostoliques qui sont la plupart du temps à l’origine de la vocation des prêtres associés à travers le monde. Il y a quelques années, un évêque français disait avec raison : “Appeler, c’est servir une liberté.” Que le Seigneur soit béni de nous appeler les uns les autres à faire partie de la belle famille des enfants de Dieu.

P.Jean-Louis Despeaux, prêtre associé